Le village polonais de Bialowieza, à la frontière avec la Bélarussie, est unique en Europe. Les maisons de bois s'alignent dans les rues, aux portes d'une immense forêt dont la partie centrale est un site classé comme patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO. Cette centaine d'hectares est la dernière relique d'une forêt qui a recouvert les plaines du nord et centre de l'Europe après la dernière période glaciaire jusqu'au début de l'ère chrétienne. La chasse est réglementée depuis le XIVe siècle, réservée pour les rois, et aucun habitat permanent n'a existé.

Le symbole de la forêt est le bison. Le plus gros mammifère d'Europe vit à nouveau en liberté dans la région, après son extinction par l'armée allemande en 1915. Il a été réintroduit à partir d'animaux offerts en cadeau à des parcs animaliers privés.

Au sein de la zone protégée, la forêt continue sa vie naturelle, aucune gestion n'est effectuée. Les énormes feuillus et résineux se mélangent, entremêlés d'arbres morts. Ils représentent des usines à biodiversité car ils servent d'habitat pour des insectes et mousses qui ne vivent que sur ce support, toujours évacué des forêts gérées par l'homme.

Renata Kosinska travaille pour le parc. Elle me parle des espèces d'amphibiens qu'elle étudie et qui ne vivent que dans cette forêt dont les zones humides ont été préservées de tout travail mécanique. Comme en France, les périodes de sécheresse favorisent les attaquent d'insectes sur les résineux. La biodiversité plus importante que la moyenne dans la forêt de Bielowieza permet d'accroître le nombre de prédateurs et d'équilibrer ainsi l’écosystème.

Bogumila Jedrzejewska dirige une section d'études des écosystèmes de l'institut de recherche des mammifères, spécialement créé dans le village pour effectuer le suivi scientifique de la forêt. Selon elle, le changement climatique se traduit principalement par un réchauffement des températures hivernales, ce qui améliore les conditions de survie des espèces et augmente leur nombre.