En Novembre 2006, je participe à un colloque professionnel à Nantes. Des élus se regardent le nombril en se glorifiant de leurs actions ponctuelles de développement durable, sans échange avec le secteur privé, cantonné à des stands sur les "achats responsables" et loin du regard des ONG, manifestant à l'extérieur.
Yves PACALET est le "grand témoin" de tout ce cirque. Il remplit pleinement son rôle d'observateur et rappelle à l'assistance que le changement climatique est un enjeux qui réclame des actions d'une plus grande ampleur. En faisant dédicacer son livre à la sortie, je bafouille quelques mots : j'ai un projet de voyage, et le thème en sera le climat.

Les mois passent. Je crée un blog pour la préparation du voyage et je réfléchis à mon projet : je ne peux pas partir faire du tourisme comme ça, même avec peu de moyen, je vais me retrouver dans certains pays à dépenser en une journée l'équivalent d'une à deux semaines du salaire de base local. Je ne me sens pas capable non plus de voyager avec 1 € par jour.

En avril 2007, je demande à Vitale de me faire un logo et de bosser sur le design du projet. Autour d'un café, il m'encourage à approfondir le projet et de remettre à plus tard mon départ prévu en juillet. Mon contrat de travail se termine en décembre, c'est la nouvelle échéance. En juin, une association est créée pour porter légalement et financièrement le projet. Christophe accepte d'en être le président.

Je passe de plus en temps à définir le projet : travail avec les écoles, pas de trajets en avion, recherche d'un équipier venant d'un pays du Sud, recherche de financement, partenariats avec des ONG, médiatisation... Je mets à profit mon réseau de contacts professionnels et associatifs, je fais des sauts réguliers à Paris et tous mes congés sont dédiés à la préparation du voyage. Je laisse tomber mes activités associatives, notamment la présidence de la maison du développement durable en Autunois.

J'ai deux vies en parallèle, une pour le boulot et l'autre pour le voyage, exaltant mais fatiguant. Fin novembre 2007, je me fais très peur. Fatigué, je glisse un soir sur une route gelée, ma voiture tape contre un arbre, le moteur tombe par terre. Je n'ai rien, mais ma voiture est foutue. Quasiment à un an d'écart, j'ai un nouvel accident détruisant une voiture. Je m'en sort indemne et mon assurance rembourse la voiture. Je vois le bon côté : ça sera toujours autant pour payer le voyage, mais l'an prochain je ne prendrai pas de volant entre mi-novembre et mi-décembre...

Décembre arrive, les derniers projets pro sont bouclés : guide d'achat éco-responsable pour la Bourgogne, démarche pilote d'éco-management avec l'AMF, piedibus pour les écoles des hauts-quartiers à Autun, préparation du plan climat pour le pays de l'autunois morvan... Je termine les interventions dans les établissements scolaires qui suivront le voyage. Une fête de départ est organisée dans le Morvan, des amis de toute la France viennent malgré le froid. Je déménage mes affaires chez mes parents.

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Photo de groupe lors de la fête de départ en décembre 2007 à Roussillon-en-Morvan.

La durée du voyage est passée de 12 à 15 mois, pour me laisser le temps de bosser durant les étapes et de faire les liaisons sans avion. Il reste encore milles détails à caler et Karim, le trésorier de l'asso, m'aide à définir un calendrier et fixer la date du départ : ça sera le dimanche 3 février.

Je rencontre les dernières écoles, partenaires et Jean JOUZEL, qui accepte de parrainer le projet. J'ai de plus en plus mal au dos, mon corps me signale le stress que je tente de cacher, notamment sur le poids du sac à trimballer durant plus de 40 000 km.

Le 3 février, je pars de la gare d'Autun. Famille, amis et partenaires forment un petit groupe qui vient me dire "au revoir" et "bonne chance" .