Premièrement, les projets que j'ai vu sont essentiellement des projets de Blancs, mis à part les projets de ceux qui ont passés plusieurs semaines sur place, comme Antoine en Mongolie par exemple. J'ai l'impression qu'il n'y a pas d'autres échanges durant le voyage, et j'admire le projet de voyage en bateau de Laurent, avec un équipage mixte valides-handicapés.

Mon voyage avec Purvi a duré 3 mois, sans compter la période de préparation qui a duré au moins aussi longtemps. Mon bilan de sa participation est très mitigé, les objectifs de départ n'ont pas été atteints : partage des points de vue, lui faire découvrir la culture européenne, retrouver une amie... Le choc culturel a été plus dur que prévu, pour nous deux. Je n'ai pas assez préparé les objectifs et moyens de notre voyage en commun. Purvi s'attendait à faire un travail de quasi-journalisme et je n'étais pas dans un rythme de voyage qui le lui permette. Le travail avec une partenaire du Sud, avec sa culture et sa propre histoire, est beaucoup plus engageant que je ne le pensais, mais je ne regrette rien.

Armelle et Vidian sortant du congelo.

Deuxième remarque, J'ai l'impression que mon voyage est rapide. Je mange des kilomètres alors que les autres voyageurs restent sur une zone plus réduite, à l'exception d'Armelle et Vidian. J'ai déjà parcouru 16 000 km en 7 mois et je prévois 30 à 40 000 km de plus en 10 à 12 mois, sans utiliser l'avion. Il y a le risque de moins connaître les régions traversées car j'ai moins de temps disponible.

Au fur et à mesure des semaines de la première partie de mon voyage en Europe et Moyen-Orient j'ai peu à peu réduit le nombre de mes étapes. J'ai fini par aller de grandes villes en grandes villes, me cantonnant à un quartier qui me servait de base de vie avec ses services pour la vie quotidienne : hébergement, transport, restauration. Jour après jour je prenais mes repères et cette zone représentait pour moi mon lieu de vie et de travail, mouvant de semaine en semaine.

Cette organisation ne me plaît toujours pas. J'ai changé d'itinéraire toutes les semaines, il est très excitant de se retrouver dans une région inconnue et non prévue il y a quelques jours, mais le travail n'est pas facilité, et je dois à chaque fois retrouver mes repères de vie quotidienne, m'empêchant de faire un minimum de tourisme et de découverte dans des villes historiques ou leur alentour à la campagne.


Troisième remarque, qui découle de celle ci-dessus, je souhaite repartir avec des étapes prédéfinies, pour travailler sur des reportages, en restant toujours à mon niveau d'amateur et militant. J'aimerais identifier un thème et recueillir différents points de vues. J'aurais aussi plus de temps pour découvrir les alentours. Entre ces étapes, je ferai des liaisons plus rapides, me contentant des paysages derrière les vitres des bus, trains ou bateaux.

La boudeuse, un trois-mats sans pub.

Quatrième remarque, la gestion du temps de la journée du voyage. J'ai passé beaucoup de temps à trier les photos puis les mettre en ligne, à éditer les films sans connaître le logiciel, et au final sur mon ordinateur portable. Il est très facile de trouver du wifi et j'abuse d'Internet en voyage : twitter, facebook, etc. sont chronophages.

J'hésite à repartir avec un caméscope. L'ADEME Bourgogne serait éventuellement intéressée pour financer un film, mais il faut que je me forme un minimum pour la prise de vue sinon mes images seront inutilisables. Il faut également s'entendre sur un scénario, pour présenter des alternatives pratiques pour les spectateurs, tout en restant suffisamment militant pour moi. Le principal frein reste le temps nécessaire au tournage. Il faut poser la caméra, utiliser un trépied, penser à filmer des transitions pour le montage... Encore une fois, cela prend du temps et représente une contrainte en plus.

Je suis fainéant, je n'aime pas travailler plus que nécessaire. Je fais déjà des photos et du web. Si je me lance dans un film, il faudra faire des choix. J'aimerais en plus trouver du temps pour prendre des notes et analyser à chaud quelques situations ou étapes du voyage... Enfin bon, je ne suis déjà plus salarié, je gère mon propre projet financé en grande partie par des fonds publics (sans sponsor m'obligeant à me transformer en panneau de pub, comme la remarquablement réussi La boudeuse) ou provenant d'un incroyable réseau de donateurs qui me fait toujours chaud au cœur, donc je ne me plains pas !

Arrivée de Maud après son tour du monde, embrassant Jocelyne.

Cinquième remarque, je suis très content du travail avec les classes. Tout d'abord parce que j'ai du plaisir à me promener de classes en classes devant des élèves beaucoup plus sensibles aux enjeux du changement climatique que la majorité des adultes que j'ai côtoyé durant 5 ans dans mon précédent travail. Ensuite parce que je me rends compte de l'intérêt pour les enseignants de disposer d'une personne ramenant du matériel (textes, photos, vidéos intervention).

Le film de Luc sur le travail de Jocelyne, l'instit qui a suivit avec sa classe de Meaux le voyage à contre courant de Maud est émouvant (j'ai pleuré lors des deux projections) et a été salué par une ovation debout impressionnante, je pense que cela n'est arrivé que rarement aux écrans de l'aventure. D'accord, le film était bien monté pour susciter cette émotion, mais le public a très bien noté également l'interaction entre le voyage et la classe qui le suivait.

Dans mon cas, les photos sont utilisées pour donner une image des pays étudiés en classe, les cartes servent à suivre mon parcours, les interviews illustrent différents aspects de la lutte contre le changement climatique complémentaires aux cours : migration, composition de l'atmosphère, les glaciers. Mes chroniques dans la PQR sont comparées à leurs propres articles en français, les vidéos en anglais en cours de langues ... Il me faut d'ailleurs sérieusement penser à simplifier la navigation et le visuel de mon site, ainsi que réaliser un tuto pour élèves et profs.


Je termine sur un point dont je suis tout de même fier. Mon budget prévisionnel et sa gestion depuis début 2007 me semble plutôt bien organisé. Les coûts de préparation ont été pris en compte, la partie "imprévues" des dépenses m'a permis d'intégrer Purvi dans le projet et la pause actuelle en France me laisse la possibilité de financer la préparation d'un futur film si je le souhaite. J'ai pu rencontrer mes partenaires qui ont renouvelés leurs promesses de soutien pour la valorisation des résultats du voyage en 2009-2010.

Je ne dis pas que la construction de ce budget a été simple, loin de là ! Il a en fait occupé la majeure partie de mon temps de préparation depuis novembre 2006, il y a près de 2 ans, et continue de m'occuper très régulièrement, mais il me donne la possibilité de gérer le projet dans de meilleures conditions que d'autres voyageurs.


Voici les sites des personnes que j'ai rencontré durant ce festival des écrans de l'aventure :

  • France et Eric, sur leur bateau Vagabond
  • Patrice, sur son bateau La boudeuse
  • Armelle et Vidian, de retour de voyage
  • Benoit et Romain, sur leur rosalie solaire et leur projet toudumonde.tv
  • Anne-lize et Sébastien, sur leur bateau babouche, et Charles, leur réalisateur
  • Laurence, Dir'Comm de Gedeon Programmes
  • Constantin, un ami des tibétains en Chine
  • Christophe, un marcheur amoureux de l'Inde et du Tibet
  • Luc, réalisateur d'un film sur l'aventure partagée entre Maud fontenoy et une instit de la région parisienne
  • Cléo, Paco, Véro et France
  • Philippe, réalisateur pour Ushuaia, Thalassa...
  • Bruno, réalisateur, notamment de deux films sur Tara
  • Adéle, avec son livre de retour du Chine
  • Ariane et Hugues, producteur
  • Emmanuel, docteur et alpiniste
  • Brigitte et Olivier, du GREA, des bourguignons qui ont élucidé le sort des lemmings au Groenland
  • Antoine, de retour d'un long séjour chez les nomades en Mongolie
  • Laurent, Raid marocain en Handicycle Tout Terrain et bien d'autre projet, chapeau !
  • Hervé, auteur d'un livre "les sirènes du transsibérien"



Pour mémoire : mon billet de l'année 2007 sur les écrans de l'aventure.