Je n’arrive pas à écrire. Peut-être que ça changera en l’écrivant. Il me faut un peu de calme pour le faire, un peu de volonté aussi, et être en forme. Or je pense m’essouffler dans ce voyage.

Je suis au Moyen-Orient depuis une quinzaine : attente du visa à la frontière turco-syrienne pendant 4 h, des portraits géants de martyrs ou de dictateurs affichés partout en Syrie et au Liban, les femmes absentes de l’espace publique jordanien, voici quelques points marquants de mon passage. Les militantes rencontrées travaillent avec Facebook, ce réseau social en ligne leur permet de contourner le patriarcat, la censure et les services de surveillance qui règnent dans la région.

Mes rencontres ne me rendent pas très optimiste sur les efforts de lutte contre le changement climatique. Je me prends à rêver en pensant aux politiques (même libérales) initiées en France ou en Europe. Le Moyen-Orient me semble à des années lumières de telles actions. Même si l’eau est plus que rare, les habitants d’Amman lavent leur voiture au jet dans la rue. Les ordures collectées dans les grandes villes sont tout au plus rassemblées. Les sacs plastiques semblent la denrée la plus distribuée. Je n’ai pas vu un seul panneau photovoltaïque dans ces pays inondés de soleil plus souvent que la Corse.

Pourtant des initiatives existent. Vous les verrez quand j’aurais monté les vidéos. Les journaux parlent de la hausse des produits alimentaires. En Jordanie, avec près d’un tiers de la population vivant dans la pauvreté (je crois), cela compte. Cette hausse est dûe à plusieurs facteurs, j’ai lu un très bon article à ce sujet dans l’Orient du jour, un quotidien francophone libanais : changement climatique, soutien américain au PAM en baisse, fin des stocks, privatisation de l’agriculture, occidentalisation des régimes alimentaires, concurrence des nécrocarburants… Les raisons ne manquent pas, et la crise ne fait que commencer.

Je vais sans doute aller faire un tour en Palestine à Ramallah et en Israël, à Tel Haviv, dans les prochains jours. Ça va me changer les idées.

Je ne pensais pas apprendre (ou ne pas comprendre) tant de choses en me rendant sur le terrain. « La géographie ce fait à la semelle de ses chaussures » qu’y disait. Eh ben ce n’est pas si facile. Je n’avais pas écrit de thèse avant de partir, mais je pensais avoir plus de clés à mon trousseau pour m’ouvrir les portes de la Connaissance. Les rencontres locales, vivre sur place, lire les journaux, flâner dans les rues, tout ça me donne une autre approche, qui déstabilise parfois.

En attendant, j'ai passé des heures dans un café pour mettre en ligne mes photos, avec un fond de rock américain qui tourne en boucle et m'a lavé le cerveau... Si ça vous intéresse, les classeurs de la Syrie, du Liban, de la Turquie et de la Jordanie sont à jour. Je vous recommande celui sur Amman, le 20 avril. Pour voir les photos, il faut aller sur mon compte FlickR, cliquez par là : http://www.flickr.com/photos/benkamorvan/collections/