Six secteurs, notamment, sont en danger : le pétrole et le gaz, l'aviation, la santé, la finance, le tourisme et le transport. Selon les auteurs de l'étude, tous courent des risques nettement sous-évalués. On pourra s'étonner de trouver dans cette liste des métiers en apparence non corrélés aux phénomènes climatiques. C'est que KPMG, dans sa définition des risques, est allé au-delà des seules menaces physiques pour inclure des éléments plus immatériels. Les risques de réputation sont quasi négligés : seules 28 % des entreprises semblent les prendre en considération. Cela, « alors qu'il est désormais certain que les consommateurs et les investisseurs sont très sensibles au comportement de ces dernières en matière environnementale », estime Philippe Arnaud, responsable du département développement durable chez KPMG. Autres dangers trop souvent sous-estimés (car envisagés par seulement 14 % des entreprises) : la probabilité de plus en plus forte de voir des litiges juridiques porter sur des questions climatiques.

La menace la plus fréquemment identifiée par les entreprises est surtout règlementaire : 72 % d'entre elles sentent que le resserrement des normes environnementales, à l'image de celui qui devrait être voté fin juin en France, est de nature à complexifier leurs processus de production... et à augmenter leurs coûts. Une contrainte que ne nie pas Philippe Arnaud, « surtout compte tenu de l'objectif de réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 ».
Avantage comparatif

Il serait pourtant dommage de se contenter de ce tableau plutôt sombre, estime KPMG. Car les opportunités existent. « Il ne fait aucun doute que réduire l'exposition aux aléas climatiques peut être bénéfique économiquement », estime Philippe Arnaud. De même, l'augmentation des prix de l'énergie et des matières premières à des niveaux élevés « commence à jouer comme une incitation », prévient-il. Dans certains secteurs gourmands en énergie, améliorer l'efficacité des processus de fabrication peut devenir un avantage comparatif. Le message est clair : en 2008, le paramètre climatique doit être mis au centre de toutes les réflexions stratégiques. Ceux qui le négligent risquent d'en être, un jour ou l'autre, pour leurs frais.

GABRIEL GRÉSILLON Les Echos 2008