"Il est très possible qu'il n'y ait plus de glace au pôle Nord à la fin de cet été, ce qui s'explique par le fait que le pôle est désormais recouvert d'une fine couche de glace", a expliqué à l'AFP Mark Serreze, un scientifique du Centre national américain de la neige et de la glace (National Snow and Ice Data Center) à Boulder (Colorado, ouest).

Evaluant cette possibilité à 50%, ce scientifique a jugé "concevable qu'à la mi-septembre des voiliers puissent naviguer d'Alaska au pôle Nord". La fonte des glaces au pôle Nord "s'est déjà produite dans l'histoire de la Terre mais certainement pas dans les temps modernes", a-t-il ajouté.

"Ce que nous avons observé ces dix dernières années est une vaste réduction des glaces arctiques, notamment ces trois dernières années, et cette tendance de long terme fera qu'il pourrait ne plus y avoir de glace l'été dans l'océan Arctique d'ici 2030 ou autour de cette date", a poursuivi le glaciologue. Il y a quelques années, ce scénario était anticipé entre 2050 et 2100, a-t-il rappelé. Durant l'été 2007, la fonte des glaces arctiques avait permis d'ouvrir plus longuement le passage du Nord-Ouest, une route maritime qui relie l'Atlantique au Pacifique en passant entre les îles arctiques du grand nord canadien.

"D'un point de vue scientifique, le pôle Nord est un point comme un autre sur le globe, mais le fait que la glace puisse y fondre totalement (même brièvement) a un sens symbolique fort dans l'imagination populaire", a relevé Mark Serreze. "Il est difficile d'imaginer le pôle Nord sans glace et n'oubliez pas que le Père Noël y habite", a-t-il plaisanté.Mais ce phénomène est "juste un autre indicateur de la disparition de la banquise arctique". Je suis néanmoins surpris" que cela puisse se produire aussi vite."Il y a seulement cinq ans je ne l'aurais même pas imaginé", a encore dit ce scientifique.

Durant l'été arctique 2007, la superficie de la banquise à la mi-septembre, au plus fort de la fonte, a été la plus faible jamais mesurée par les satellites et probablement depuis un siècle, a rappelé Mark Serreze. L'été dernier, la banquise a fondu de 23%, faisant voler en éclat le précédent record enregistré en 2005. Pour cette année, "nous anticipons au moins une perte équivalente à l'été 2007 voire davantage, ceci dépendra de la météo et nous ne savons pas encore", a noté le chercheur.

La saison de fonte dans l'Arctique commence à la mi-juin. La glace atteint son minimum à la mi-septembre et son maximum en hiver à la mi-mars. Réduire les émissions de gaz à effet de serre devrait légèrement ralentir ce phénomène mais l'inverser prendra très longtemps, a jugé ce scientifique. Mais la fonte des glaces arctiques a aussi de bons côtés. Les navires pourront de façon régulière emprunter le passage du Nord-Ouest, évitant ainsi les longs détours par le canal de Panama ou le Cap Horn. De plus, les fonds de l'océan Arctique sont riches en pétrole et sans glace ces gisements seront plus aisément accessibles, soulignent des experts.