Le projet "Avenir climat" a pour but de comprendre le changement climatique qui a lieu sur place, de rencontrer des acteurs locaux et de les faire témoigner. Que savent-ils du changement climatique ? Comment le combattent-ils ? Comment essayent-ils de s'adapter ? J'espère connaître des particularités locales mais aussi les aspects universels, qui concernent chaque être humain vivant sur Terre.
Dans cet état d'esprit, Purvi et moi souhaitons apporter nos propres analyses en fonction de nos différences culturelles. Je suis francophone, issu d'un pays du nord, riche et puissant (en tout cas mon passeport me permet de voyager facilement, et Purvi me rappelle assez souvent à l'ordre avec mon complexe de supériorité...), de culture catholique. Purvi est anglophone, en plus de sa pratique de l'hindi, du gujarati et du maharati, et habite un pays de plus d'un milliard d'habitants, plein de contrastes dans son développement, où la religion imprègne beaucoup plus la vie quotidienne.
Nous n'avons pas la même culture, pas le même niveau d'engagement associatif (plus facile pour moi qui avait des parents, un boulot ou des partenaires financiers pour subvenir à mes besoins), et nos régions n'ont pas les mêmes priorités de développement humain...

Voilà pourquoi nous souhaitons mener ce projet ensemble. Reste à régler le comment... Purvi avait des obligations jusqu'à fin mars, nous pensions nous retrouver à la mi-avril en Turquie, c'est ce qui convenait à la fois pour ma route et représentait le billet d'avion le moins cher depuis Bombay. Symboliquement, Istanbul est aussi un point de contact entre l'Europe et l'Asie.
Malheureusement les démarches administratives sont lourdes pour une indienne qui veut pénétrer dans l'Europe forteresse ou ses environs. Pour chaque pays, il faut une lettre de recommandation d'une personne du pays, un certificat d'hébergement, une garantie bancaire, une garantie d'assurance et un billet de retour pour quitter le pays. D'autres papiers ou explications peuvent être demandées.
Depuis plus de 2 mois Purvi essaie de se débattre avec ces démarches. Il lui a fallu obtenir son passeport et se le faire envoyer depuis Dehli. Elle a ensuite cherché des personnes pouvant lui écrire depuis les pays que nous souhaitons parcourir : Turquie, Bulgarie, Serbie, Hongrie, Slovaquie, Pologne, Biélorussie, Russie. Aucune agence de visa à Bombay n'a voulu l'aider, lui indiquant qu'elle n'avait aucune chance de faire ce type de voyage.

Je n'ai rencontré qu'une fois un voyageur ne provenant pas d'un pays riche (Australie, Corée, Japon, Europe, Amérique du Nord, Israël). C'était un marocain revenant d'un voyage en Afrique de l'Ouest. Les bakchich lui avaient coûté aussi chers que les visas et les transports. Les seuls personnes qui peuvent se permettre de voyager 'sac au dos', d'enchainer les pays en traversant toutes les frontières, proviennent de quelques pays seulement. Ce sont des privilégiés, comme moi.

Purvi et moi avons donc rajouté un nouvel objectif à notre projet : montrer qu'il est possible, même pour une personne venant d'un pays du Sud, de voyager en Europe, de traverser les frontières pour rencontrer d'autres cultures, pour discuter du changement climatique ou de la vie quotidienne entre habitants de la même planète. Nous sommes bien d'accord : il n'y a rien d'impossible. Il y a simplement une énorme machine administrative dont il faut faire tourner les rouages un à un pour qu'enfin les visas arrivent et nous ouvrent les portes des régions où notre cœur nous pousse à aller.

Heureusement, nous sommes soutenus dans notre démarche.

  • Côté français, nous remercions M. LALONDE, ancien ministre de l'environnement et actuel ambassadeur français pour les négociations internationales sur le changement climatique. Le gouvernement français est l'un des rare à s'être doté d'un tel outil.
  • Côté indien, nous remercions également M. PACHAURI, président du Groupe d'Etude International sur le changement Climatique (GIEC, IPCC en anglais). Le GIEC est une structures des Nations Unies et représente plusieurs milliers de scientifiques. C'est grâce à eux que nous avons la certitude que le climat est en train de changer et que la responsabilité de l'Homme est engagée. Au nom du GIEC, M. Pachauri a reçu le prix Nobel de la paix 2007, au côté d'Al Gore.
  • M. JOUZEL, vice président du groupe de travail n°1 du GIEC et directeur de l'Institut Simon Laplace à Paris est le parrain du projet "Avenir climat".
  • le Réseau Action Climat regroupe au niveau international les principales ONG travaillant sur le changement climatique, et est organisé en association loi 1901 en France. Les adhérents et permanents sont plein de qualités humaines et nous aident en conseil et contacts pour nos démarches. Ce sont aussi notre principale source d'informations sur la lutte contre le changement climatique.
  • Notre famille et nos amis nous supportent tous les jours, et nous soulagent souvent du poids qui pèse sur nos pauvres épaules. Depuis quelques jours, nous avons l'impression d'affronter une montagne qui ressemble plus à l'Himalaya qu'aux Alpes. Grâce à eux, présents à distance mais au quotidien via internet et le téléphone, nous pouvons continuer à construire notre rêve.



Je vous laisse pour le moment, en vous conseillant de jeter un oeil au film de Sean Penn : Into the wild (2007). Demain, on continue les démarches pour essayer de faire venir Purvi en Europe. J'ai aussi rendez-vous avec les Amis de la Terre - Moyen-Orient. Leurs bureaux sont dispersés entre Tel Haviv en Israël, Bethlehem en Palestine et Amman en Jordanie. Je crois que ça donne une première idée de la situation locale.