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Lettre d’infos n°1

samedi 17 janvier 2004, par Benka

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Lettre d’infos n°1 - 17 janvier

Sommaire

1 / Introduction de Celine pour le réseau lors de l’ouverture du Youth Camp, eh oui !

2/ Le Forum Social Mondial en chiffres, par Loic

3 / NO ! Police Partout ..., par Guillaume

4/ Focus : Un petit point sur la lutte des Dalits, par Celine.

5/ Une organisation politique mauricienne : LALIT, par Ian.

1 / Introduction de Céline pour le rezo lors de louverture du Youth Camp, eh oui ! En juin dernier nous avons organisé à côté d'Evian un camp contre le G8 qui a reuni plus de 5000 personnes venues principalement de France et d'Allemagne. Je veux vous parler aujourd'hui de cette expérience parce que ce camp, ou plutôt ce village, fait partie intégrante du processus des camps de jeunes initié au FSM. Il y a exactement 1 an, nous étions à Porto Alegre et nous ne savions pas quoi faire pour que la mobilisation contre le G8 aille plus loin que le traditionnel cocktail "manif et contre-sommet". Nous voulions construire plus qu'une simple opposition au G8, nous voulions donner un contre-exemple palpable à la société que nous imposent les 8 leaders du monde. Nous étions donc au Youth Camp, à nous demander quoi faire, quand nous avons réalisé que la solution était devant nos yeux : construire un camp, un village, qui montrerait concrètement le monde que nous voulons et qui se batterait pour l'obtenir. Les camps à Porto Alegre nous avaient prouvé que l'idée de camp alternatif a un très grand potentiel pour experimenter, essayer, tester en pratique nos principes théoriques de democratie, d'égalité, d'autogestion et de respect des autres et de l'environnement. Nous avons donc decidé de faire de ce village, autant que possible, un échantillon de ce monde dont nous avons l'habitude de parler dans les forums et contre-sommets. Les concepts centraux pour l'organisation de ce camp étaient l'auto-organisation et l'empowerment à tous les niveaux : chaque groupe, organisation ou individu pouvait créer un espace propre ou partagé et y proposer des activités qui étaient integrées dans un programme auto-organisé. De nombreuses actions, qui sont fondamentales dans le processus de contre-somment, ont aussi été organisées selon le principe des groupes affinitaires librement organisés. Nous avons aussi mis en place un système d'auto-organisation de la vie quotidienne dans le camp. C'est-à-dire que ce village a été totalement construit et géré par ceux qui y vivaient. Concrètement, le premier jour ou nous sommes arrivés sur l'emplacement du camp, il n'y avait rien qu'un champ totalement vide et notre première activité a été de construire, principalement avec des matériaux naturels ou de récuperation, tout ce dont nous avions besoin : cuisines, tentes de conférences, et même toilettes... Ensuite, dans la vie quotidienne du camp, chacun était invité à s'impliquer dans les tàches communes : nettoyer, cuisiner, accueillir les nouveux arrivants et expliquer le fonctionnement du camp, etc... Et ce qui est marquant, c'est que ce système a bien fonctionné (le camp était très propre, la nourriture ecolo et préparée par hommes et femmes ensemble avait un gout particulierement savoureux, les assemblées générales journalières ont été un véritable moment d'apprentissage de la démocratie...) et que le temps consacré aux tâches quotidiennes n'a pas rendu le camp moins intéressant en terme d'élaboration politique, bien au contraire : pendant qu'ils cuisinaient, assuraient la sécurité ou partaient en action, les villageoiSEs discutaient tous de cet autre monde qu'on entrevoyait, et, par ricochet, des problèmes du monde dans lequel on vit réellement. Cette expérience partagée et ces moments privilegiés de débats ont créé des liens forts qui nous ont aidés à nous constituer en un réseau qui est aujourd'hui solide, et qui cultive de fructueux liens internationaux, notamment avec l'Allemagne. Participer au village a été une expérience surprenante et marquante pour la plupart des 5000 villageoiSEs et nous avons tous ressenti pendant le village, non seulement que construire un autre monde avec nos bases de démocartie horizontale, d'égalité entre homme et femmes, de respect de l'environnement était possible, mais aussi que ces bases étaient les bonnes, parce que la vie au camp était si agréable, et qu'il fallait continuer dans cette voie. L'idée de ce camp est apparue en partie à Porto Alegre, alors, je suis particulièrement contente d'être de retour au IYC pour partager avec vous nos conclusions sur cette expérience. Construire un autre monde est un processus complexe, qui nécessite d'être pensé et debattu. Mais, nous avons aussi besoin, dès aujourd'hui, d'inventer, de tester et d'adopter de nouvelles pratiques, de nouveaux réflexes et habitudes de vie qui soient cohérents avec nos principes théoriques. S'il n'est pas possible de faire comme si on vivait déjà dans une autre société, tout ce qui peut d'ores et déjà être changé doit l'être aujourd'hui. Nous devons inventer aujourd'hui de nouvelles habitudes et une nouvelle culture, notre culture globalisée à nous, pour affronter la culture normalisée et marchandisée qu'on nous impose. C'est pour cela que nous sommes là et j'espère que nous avancerons ensemble ici a Mumbai. (note de Benoit : Céline était la seule fille à la tribune en plus d'une traductrice et est passée en dernier. traduction super efficace d'ailleurs : 6 minutes d'anglais en 30 secondes d'hindi...) ************* 2/ Le Forum Social Mondial en chiffres, par Loic Le FSM est organisé par le Conseil général indien du Forum qui rassemble environ 190 organisations. Plus de 1200 événements auront lieu durant les 6 jours du FSM. Plus de 80 000 personnes sont attendues, provenant de 2660 organisations de 132 pays. Environ 800 volontaires de 20 pays, dont 180 interpretes et traducteurs, assureront le déroulement des conférences et séminaires. 13 langues officielles seront parlées dans le cadre du Forum : hindi, marathi, tamil, telugu, bengali, malayalam, espagnol, anglais, français, coréen, bahasa, indonésien, thai et japonais. Côté culturel, un festival proposera plus de 85 films. 1500 artistes, poètes, dramaturges et metteurs en scene sont attendus. 150 représentations artistiques seront organisées. En parallèle du FSM se tiendra le Camp international de jeunes. L'objectif étqit de réunir 10 000 personnes. ************* 3 / NO ! Police Partout ..., par Guillaume No ! Deux lettres comme leitmotiv du premier jour de cet International Youth Camp édition Mumbai 2004. No smoking No cooking No ... No ... Une annonce au micro toutes les 5 minutes pour rappeller les consignes ou le renforcement des mesures de securite. 'Si vous n avez pas votre accreditation il vous faut sortir' 'Il est interdit de fumer dans l'enceinte du camp' 'Laissez vos paquet de cigarettes et vos allumettes et autres briquets a l'entrée.' 'Veuillez mettre vos accreditation bien autour du coup au moment du passage du portique de securite anti metaux, anti briquets, anti ....' Le reveil au milieu des policiers equipes d un charmant baton de bambou (les policiers indiens doivent avoir une pathologie particiere qui les empeche de se deplacer sans cannes). Le Youth Camp est donc place sous haute surveillance... policiere. Un service d ordre compose de volontaires ( exclusivement des hommes ) serait la pour reduire ou prouver a la police qu elle ne sert a rien. Rien n y fait ils sont presents et deambulent dans les allees du camp qui ne semble pas encore avoir pris vie. Les salles de conferences construites par les ouvriers indiens payes 2 euros la journee de travail (et c est long une journee de travail pour eux ...) sont encore vides. Plusieurs elements nous permettent de relativiser ces 'visions d horreur'. L auto-organisation n est pas du tout un element qui a ete pris en compte dans la construction materielle et politique de ce camp qui semble avoir ete completement monte par le Parti Communiste Indien et ses organisation de Jeunesse. Cette thematique est d' ailleurs preque inexistante au sein des preoccupation des mouvements sociaux indiens. L inexistence de mouvement 'desobeissants' ou assimiles permet aussi de comprendre le manque apparent de reactions contre cette forte presence policiere. Enfin la municipalite de Bombay qui a impose de force ses flics sur le lieu du IYC et ces memes flics qui pourraient eventuelement augmenter leur salaire de quelques roupies en chopant des contrevants aux regles narrange pas la situation.

Au final, pour le premier jours de ce IYC l atmosphere qu il s en degage est assez etonnante. L Espace est completent clos. Impossible pour un habitant de Bombay de rentrer dans le camp, de voir ce qu il s y passé et eventuellement d assister aux debats. Est ce vraiment ce type de monde que les participants a ce forum veulent construire ?

Esperons que cela evolue dans les prochains jours et que la vie militante du camp prenne le dessus.

Guillaume

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4/ Focus : Un petit point sur la lutte des Dalits, par Celine.

Socialement exclus, économiquement exploités, politiquement sans pouvoir, culturellement marginalisés, les representantEs des 250 millions de dalits ou intouchables indiens sont arrives a l’ouverture du forum apres une longue marche de protestation. La caste reste en Inde l’appartenance première et l’abolition de l’intouchabilité, en 1950, par la première Constitution de l’Inde indépendante, n’a pas changé grand-chose dans les faits. Chaque jour, la presse rapporte les discrimination a l’embauche,les humiliation quotidiennes et, meme, parfois, des crimes commis en toute impunite. On assiste parfois a des lynchages ou pendaisons publiques quand, par exemple, un dalit est decouvert faisant l’amour avec quelqu’un d’une caste superieure. Le dispositif de lois est quasiment complet, mais la plupart ne sont jamais appliquées et, très souvent, la police refuse même d’enregistrer la plainte d’un dalit contre un membre d’une caste supérieure. Le système social de valeurs est si fort qu’il surpasse la loi et ce phenomene est renforce par les lies intrinseque entre le systeme de castes et la religion hindou.

« La caste est un instrument d’exploitation économique » lit-on sur des banderoles : en 2000, 43 % des dalits vivaient sous le seuil de pauvreté alors que cette proportion est de 23 % pour l’ensemble de la population indienne. « Si vous voulez donner la dignité aux dalit, donnez-leur la dignité économique, dit Ravi Nair, et pour cela, faites appliquer les lois sur la redistribution des terres et le salaire minimum des travailleurs agricoles journaliers. » Et la precarite des Dalits s’accroit encore au fur et a mesure que l’Inde avance dans son processus de liberalisation : les terres côtières qui appartiennent traditionnellement aux dalits sont données à des multinationales pour faciliter l’élevage des crevettes, ce qui laisse les dalits sans terre et sans emplois. A cela s’ajoute la réduction des dépenses sociales de l’Etat, et particulierement des depenses d’education qui detruit tout espoir d’ascension sociale pour les dalits.

Les dalits tentent aujourd’hui dans le cadre du FSM de s’allier aux autres marginaux de la société indienne : les tribaux, les femmes et les minorités. Pour la première fois, le Forum social mondial va organiser une table ronde commune de ces exclus, pour donner une vois a ces sans voix... une affaire a suivre...

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5/ une organisation politique mauricienne : LALIT, par Ian. dans le prochain numero, patiente ...

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merci de votre attention, nos excuses pour les erreurs, les claviers QWERTY sont un peu déstabilisants ... contact pour la lettre d’info : benkaindia@yahoo.fr