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"ici c’est la colombie"
vendredi 3 décembre 2004, par
Bon, c’est pas le déluge, mais j’ai fait un bon trip hier, et je resiste pas a l’envie de l’écrire. je pensais pas aller avant l’été prochain en amerique latine, mais bon :) on fait comme on peut.
Un peu énerve par la pluie incessante de chefchaouen, je quitte ma pension à 12 h 30 et je descends en bas de la ville pour prendre un bus. Mon plan : rallier Fès ce soir. Soit ça passe rapide par issaguen, soit je fais la route tranquille par ouezzane.
Il y a pleins d’immeubles vides dans la ville basse, ils servent a blanchir l’argent de la drogue : le rif est le plus gros lieu de production de cannabis au monde, et chaoeun en est sa capitale.
Le kif, mélange de tabac noir pour pipe et de chanvre est un mix traditionnel pour les locaux. Mais peu à peu la monoculture du chanvre a eu raison de tout et ce fait a grande échelle. L’érosion est importante, mais le climat est parfait pour cette culture (manque de pot, j’arrive pendant la saison ou il pleut le +)...le site de la ville ne parles pourtant pas du tout de ça ! [1]
A la gare, je retrouve le vieil excité qui était déjà là hier. Les rabatteurs avec qui j’ai discuté le soir d’avant vont tous chercher leur marchandise chez lui. les gens de la place le laisse me renseigner : pour issaguen puis Fès, il faut descendre à dardara, la grande route qui passe en bas de chaouen et va d’ouest en est, puis attendre 15-20 minutes un bus qui me posera à issaguen. Il peut m’accompagner, et on attendra vers le poste de police :)
Une fois là-bas, il faut changer de bus pour aller sur Fès. Il n’y a plus de direct avant demain matin. Bon... il pleut, j’ai pas envie de rester ici, les gamins rencontrés ce matin m’ont dit que des touristes vont a issaguen, c’est la route normal pour aller à la station pour touriste de al-hoceima, donc c’est partit.
Ça fait 5 minutes que je suis dans la gare routière et tout le monde me demande si je suis surs de moi, si j’y vais pour du business, etc. bref : ne pas s’arrêter pour acheter quoique ce soit la bas. Le village d’issaguen ne fait pourtant que 5 000 habitants. Les touristes qui s’arrêtent achètent en faite par kilo, m’apprends qlq’1 dans le bus. Ah bon....
Le voyage se déroule, je ne quitte pas mon sac des yeux et j’essaye en même temps de dormir un peu. Mon gros sac est en soute, personne n’y touche en principe, d’après expérience.
Le paysage qui devait être magnifique est en fait recouvert de brume. On est habillé dans le bus bondé comme si on était dehors. le gars avec qui je discute dans un bon français finit par me dire de ne faire confiance a personne, même pas à lui, ambiance ... il me recommande quand même a mes voisins en quittant le bus.
Ceux-ci vont jusqu’a issaguen. Arrivant dans les magnifiques forets de cèdres, immenses, après les zones defôresté pour la culture de la "plante" qu’on ne nomme plus que comme ça, le soleil arrive un peu. C’est la que mon voisin me demande si je connais la Colombie, non, je n’y ai pas encore été. Lui non plus, mais ici, c’est la même mafia me dit-il. Génial...
Je suis accompagné par l’un des deux voyageurs à travers la rue du village. c plus une flaque qu’autres choses d’ailleurs. Les bâtiments sont en briques nues, les gens font pas partie du lions club apparemment :) un bras autour de moi, le copain réponds en arabe aux personnes qui nous suivent que je n’achète pas, je fumes pas, je bois pas. Je réponds rien et regarde devant moi.
Mis a part le mauvais temps et l’énervement soudain de mon copain qui n’arrête pas de dire ’mafia, mafia, fait attention’, les rabatteurs qui me proposent dans toutes les langues de venir fumer chez eux ne sont pas plus insistant qu’ailleurs.
Bien sur a 16 h 30 il n’y a plus de bus pour Fès, et je n’aurais pas attendues dans la rue 10 minutes pour en prendre un. Je suis emmené vers la station des grands taxi, des Mercedes ou on monte 7. En cherchant un peu dans la cohue, mon ami en trouve un et j’attends 1/2 h dedans que le taxi se remplisse avant de partir. Mon sac est dans le coffre donc en principe personne ne l’ouvrira à part le chauffeur. De toute façons je n’ai pas beaucoup de tunes sur moi, mon passeport est avec moi, tout comme le lonely, ça va. Même sans sac, je peux rallier Fes. Ca prend 3-4 h, dont la moitié pour sortir du rif.
La nuit tombe maintenant. Dommage car les lumières des maisons accrochés a flanc de collines laissent imaginer des gorges incroyables. La sortie de issaguen, plaque tournante du trafic pour le rif, entre tanger, Fès, melilla est donc un chouia lugubre, la pluie s’est remise à tomber. On passe devant des hangars immenses, des maisons magnifiques, très riches ...
Je n’ose pas m’appuyer contre la porte qui n’a pas l’air de bien fermer. Le joins de ma portière est mort et laisse passer l’air frais revigorant :-) de la montagne et le chauffeur laisse sa fenêtre ouverte pour éviter la buée. Enfin, avec 448 000 km, je pense que le taxi est encore en assez bon état pour passer les cols à 1500 m et nous emmener jusqu’a Fès.
Emmitoufle dans mon gros pull de laine et me veste en gore-tex, j’essaye de dormir qu’en la lumière me fait ouvrir les yeux. Ce n’est pas un camion, comme celui que l’on a aperçu dans le fossé en train de brûler a 200 m d’une station essence, mais des éclairs. Bon, ben voila un orage. Ah oui, le gamins à chaouen ce matin m’a dit que la route était pas bonne en montagne avec la pluie.
Mais mis a part qlq dérapage sur le cote de la route quant un camion vient en fasse, tout va bien et j’arrive vers 21 h à Fès. J’avais prévus 20 h en partant de chaouen à 13, ça va. Je me dégourdis la fesse droite qui m’a portée pendant tout le trajet, et je prends un autre taxi pour faire le tour de la médina et aller trouver un hôtel (le soir, pour une personne, pas cher, propre, avec de l’eau chaude, dans la médina... avec un peu de chance, ça va le faire :))