Le changement climatique menace l’équilibre de la vie sur Terre. Le niveau des océans s’élève et leur acidité s’accentue, les calottes glaciaires et les glaciers fondent ; les forêts, les barrières de corail et les autres écosystèmes changent et s’altèrent. L’existence de certaines communautés est menacée, tandis que d’autres affrontent de plus en plus de difficultés pour leur développement. Nous sommes au bord d’une catastrophe climatique qui provoquerait des désordres météorologiques grandissants, l’effondrement des systèmes alimentaires, des migrations massives, et des conflits humains sans précédent.

Les pays pauvres, leurs communautés et leurs peuples ont le moins contribué aux causes du changement climatique. Pourtant, ils en sont les premières victimes. Les femmes, les peuples autochtones, les pauvres, les petits paysans, les pêcheurs, les communautés vivant de la forêt, les populations en situation de pénurie d’eau, les personnes exposées aux crises sanitaires sont plus vulnérables que les autres.

A l’inverse, c’est une minorité de pays riches, de multinationales et de personnes qui ont causé plus que les autres le changement climatique. Les pays développés représentent moins d’un cinquième de la population mondiale et pourtant, ils ont émis près des trois quart des émissions de l’humanité. Ce sont ces émissions excessives, historiques et contemporaines, qui polluent aujourd’hui l’atmosphère et constituent la principale cause du réchauffement actuel et futur de la planète.

Les pays développes ont consommé plus que leur juste part de l’espace atmosphérique. Sur une base individuelle, ils sont responsables de plus de dix fois plus d’émissions historiques que les pays en développement. Leurs émissions par personne aujourd’hui représentent plus de quatre fois plus celle des pays en développement.

Pour leur contribution exceptionnelle aux causes et aux conséquences du changement climatique, les pays développés sont endettés auprès des pays pauvres :

  • Pour leur émissions excessives par personne, historiques et actuelles, qui privent les pays en développement de leur juste part d’espace atmosphérique, ils ont accumulé une « dette d’émissions » envers les pays en développement.
  • Pour leur contribution exceptionnelle aux effets du changement climatique, obligeant les pays en développement à s’adapter aux effets néfastes grandissants du changement climatique, ils sont débiteurs d’une « dette d’adaptation » envers les pays en développement.

Ajoutées l’une à l’autre, cette dette d’émission et cette dette d’adaptation constituent leur dette climatique. Elle s’intègre dans une plus vaste dette, à la fois écologique, sociale et économique, due par le monde riche industrialisé à la pauvre majorité.

Honorer cette dette n’est pas seulement souhaitable. C’est la base même d’une solution juste et efficace au changement climatique. Ceux qui ont le plus profité de ce qui a causé le changement climatique doivent compenser pour ceux qui en ont le moins bénéficié mais en paient le plus lourd tribut. Ils doivent compenser les pays en développement pour les deux obstacles qui se dressent sur leur route vers le développement : la réduction et l’adaptation au changement climatique, qui n’étaient pas des contraintes pesant sur les pays développés lors de leur propre essor.

Pourtant, les pays développés ont l’intention d’effacer cette dette plutôt que de l’honorer. Leurs propositions dans les négociations du climat cherchent à faire supporter aux pays en développement d’importants coûts d’adaptation, et à ignorer leur dette d’adaptation. Ils veulent continuer à beaucoup émettre, aggravant ainsi leur dette, consommant toujours plus d’espace atmosphérique, étouffant la majorité pauvre du monde.

Nous craignons que la poursuite de cette consommation excessive d’espace atmosphérique par les pays les plus riches au détriment des plus pauvres –qui ont besoin d’énergie et de ressources naturelles pour construire les écoles, les maisons, et les infrastructures que les riches possèdent déjà- n’empêche la réalisation des solutions viables au changement climatique et ne menace la sécurité de tous les habitants de la planète.

Nous demandons donc aux pays développés, dès le sommet de Copenhague, de reconnaître et rembourser leur dette climatique, dans toute son ampleur, et que cela soit la base d’une solution juste et efficace à la crise climatique.

Nous demandons :

  • Qu’ils remboursent leur « dette d’adaptation » , en s’engageant à financer les besoins des pays en développement et à compenser les effets du changement climatique.
  • Qu’ils remboursent leur « dette d’émission » aux pays en développement en réduisant autant que possible leurs émissions nationales, et en s’engageant à respecter les seuils qui leur sont fixés et qui reflètent leur contribution historique et actuelle aux changement climatique.
  • Qu’ils fournissent les pays en développement en financement et en technologie pour couvrir les coûts nécessaires pour réduire le changement climatique et s’adapter, en accord avec la convention sur le climat des Nations-Unies.

Répondre positivement à ces demandes constitue un préalable à un éventuel succès en décembre 2009. Copenhague doit être un moment clef de la justice climatique, un tournant majeur sur le route vers la sauvegarde du système climatique de la planète, et la condition nécessaire pour assurer le futur dans le respect des droits et des aspirations de tous.__

Pour plus d'infos :__ Nicola Bullard, Focus on the Global South

  • CUSRI, Chulalongkorn University, Bangkok, Thailand, 10330
  • n.bullard@focusweb.org, www.focusweb.org, +662 2187363 (Thailand), +336 08044088 (France)