Urgence climatique, justice sociale

Copenhague - décembre 2009

Site du collectif : http://climatjustice.org/ Attention : ce texte est une version provisoire.

Nous sommes à la croisée des chemins. Issu de l’activité humaine, dans le cadre d’un modèle de production agricole et industriel que les sociétés occidentales ont mis en place et qui se répand sur l’ensemble de la planète, le réchauffement climatique met en danger les moyens d’existence et les vies de milliards d’êtres humains, et menace d’extinction des millions d'espèces, alors que, d'ores et déjà, des populations entières sont affectées, en particulier les femmes, les peuples indigènes, les paysan-ne-s, les travailleur/ses, des classes sociales les plus défavorisées.

Face à cette crise écologique et sociale, mouvements sociaux, organisations écologistes, politiques et scientifiques du monde entier appellent à une action urgente et radicale.

En décembre prochain se tiendra à Copenhague la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui doit déterminer les objectifs et les solutions à mettre en œuvre à l’échelle internationale pour prolonger le protocole de Kyoto qui prend fin en 2012.

Selon les climatologues, il faudrait que les premiers responsables de l’émission des GES, les pays industrialisés, réduisent leurs émissions de 25 à 40 % d’ici 2020 et de 80 à 95 % d’ici 2050, par rapport à 1990. Maîtriser l’augmentation des émissions dans ces proportions est impératif pour limiter à 2°C la hausse des températures par rapport au niveau de l’ère préindustrielle. Au-delà, l’emballement climatique se produirait : il ne serait plus possible de maintenir une température vivable sur terre.

Les politiques actuelles sont dans l’impasse

Jusqu’ici, les mesures mises en œuvre et prévues par les différents États sont tout à fait insuffisantes pour atteindre de tels objectifs. Les mesures que préconise notamment l’Union Européenne, qui n’envisage de réduire ses émissions que de 20 % en 2020, sont très en deçà des enjeux. Alors que leur production de gaz à effet de serre par habitant est la première au monde, la proposition des Etats-Unis (réduction de 5 % des émissions sur la même période) est, quant à elle, une véritable provocation vis-à-vis des autres Nations de la planète.

Les solutions proposées actuellement ne sont pas crédibles, car elles reposent essentiellement sur les mécanismes de marché, alors que la crise économique et financière a, une fois encore, montré leur incapacité à se substituer à l’action publique et collective. La politique du « marché pilote » avec les droits à polluer, est clairement défaillante et les projets en ce domaine de l’Union européenne et des Etats-Unis relèvent du mirage idéologique.

Les fausses solutions sont également technologiques. Le nucléaire, outre qu'il s'agit d'une technologie coûteuse et porteuse de risques majeurs, ne peut être en aucun cas une solution : même un développement ambitieux du parc nucléaire ne réduirait les émissions de gaz à effet de serre que de façon très marginale. Les agro-carburants industriels quant à eux posent de nombreux problèmes environnementaux et aggravent la crise alimentaire, sans contribuer à la diminution des émissions.

Des mesures véritablement alternatives sont nécessaires.

Les objectifs de réduction des émissions de GES à atteindre ne peuvent l’être que par l’adoption, par les collectivités, les pays et les ensembles régionaux, de mesures radicales et alternatives :

  • Taxation internationale de l’énergie et des transports,
  • Re-régulation du commerce international, garantissant notamment la souveraineté alimentaire, développement massif de l’agriculture paysanne, au Nord comme au Sud
  • Relocalisation des activités économiques, rapprochement des lieux de vie et de travail, maîtrise de l’urbanisation, développement des transports en communs, ralentissement de la croissance du transport aérien…
  • Rénovation massive des bâtiments ; réorientation des investissements, notamment de recherche, vers les énergies renouvelables, la co-génération, l’efficacité énergétique et les projets écologiquement soutenables ; valorisation de la sobriété énergétique…
  • Promotion d’un modèle alimentaire autre que le modèle occidental majoritairement à base de protéines animales, afin de pouvoir diminuer les cultures utilisées pour l’élevage et réduire les émissions propres au secteur agricole.
  • Démocratisation de l’économie qui doit être réorientée vers la satisfaction des besoins sociaux et écologiques et non la recherche de profits à tout prix ou le dictat de la société de consommation et du productivisme : soutien aux circuits courts, à l’économie sociale et solidaire, au secteur coopératif…
  • Reconnaissance et protection des biens publics mondiaux tels que l’énergie, le climat, les forêts, la terre et l’eau… ; arrêt de la déforestation, protection des forêts primaires, défense de la biodiversité…

Le principe de Justice climatique et sociale doit être au centre des politiques mises en œuvres

La responsabilité historique des classes dirigeantes mondiales et des pays du Nord dans cette crise doit être reconnue. La justice et l’équité exigent que soit réparée la dette écologique du Nord, a minima par l’annulation des dettes du tiers-monde. Les transferts technologiques respectueux de l’environnement et des sociétés au Sud doivent être financés et l’aide publique augmentée, sans que cela exonère le Nord de ses propres objectifs de réduction des émissions. Les réfugiés climatiques doivent être reconnus et accueillis.

Au sein de chaque pays, des mesures d’accompagnement et de justice sociale sont indispensables afin que chacun puisse faire face aux changements à mettre en œuvre, en ayant la certitude que les efforts seront partagés par tous. Il faut garantir un accès juste et équitable aux biens et services essentiels tels que l’énergie, qui ne doivent pas être laissés au marché mais faire l’objet d’une réappropriation par la société.

Une autre répartition des richesses doit permettre une transition solidaire au Nord comme au Sud. C’est pourquoi un revenu digne doit être garanti à chacun, et les revenus financiers et du patrimoine doivent être lourdement taxés, afin de dégager les moyens nécessaires à la transformation des économies

La gestion des financements doit être démocratique et garantir la participation des populations locales.

Les sommes colossales investies dans le sauvetage du système bancaire montrent que les moyens financiers ne font pas défaut. Ces mesures à prendre qui concernent donc en premier lieu l’Europe et les autres puissances responsables de la majeure partie des pollutions, doivent être débattues démocratiquement et faire l’objet de politiques publiques audacieuses, passant outre les intérêts des grands lobbies – notamment des hydrocarbures, et définissant une production industrielle axée sur les besoins et non sur le profit ainsi qu'une répartition plus juste des richesses naturelles et produites.

En France, nous appelons les associations de défense de l’environnement, syndicats, associations de solidarité internationale, organisations politiques, collectivités locales, et plus généralement tous les citoyens à rejoindre la mobilisation internationale, pour construire ensemble une campagne qui nous permette de peser sur les décisions du sommet de Copenhague de décembre 2009.

Mobilisons-nous maintenant pour le climat et la justice sociale !

Site du collectif : http://climatjustice.org/ Attention : ce texte est une version provisoire.