Comment expliquer qu'on met en place un fonds, sans provision ni mécanisme de fonctionnement (par ce que, je comprends qu'on peut pas tout y fourrer), mais qu'on arrive à trouver des paragraphes entiers pour AFFIRMER le rôle indiscutable de la Banque Mondiale dans sa gestion, alors que visiblement aucun pays Africain appuyé par des dizaines d'autres, rejette en principe, le rôle de la BM.

Comment expliquer que les pays de l'Annexe I, sont arrivés à rejeter tout engagement au titre de la deuxième boucle du Protocole de Kyoto au delà de 2012, alors que de façon subtile et 'cleverly crafted', ils sont arrivés à obtenir la continuité du marché carbone, pour des temps indéfinis (c'est moi qui exagère). La CCNUCC ne serait-elle pas devenue par hasard comme le soupçonne bien certains, l'OMC du Ciel?

Cela n'est sans surprise, si on prend en compte les révélations du Wikileaks publiées par le Guardian, la semaine dernière.

Comment comprendre que malgré les objections répétées et clairement exprimées de la Bolivie (le pauvre, abandonnée à lui seul par les pays ALBA, devenus étonnamment muets), la présidente soutenue par une équipe du Secrétariat qui n'a aucun intérêt à gâcher la première année de Figueres, une administration nationale qui veut sauver la renommée de Cancun à tout prix et des négociateurs visiblement exténués et avides de retrouver leur lit ou l'aéroport? La Bolivie devenait 'boring' pour tout le monde dans la salle. Il fallait s'en débarrasser au plus vite aller de l'avant.

Oui, je suis entièrement d'accord qu'il faille aller de l'avant mais que les gars ne briment pas la voix des tout-petits. Je me demande qu'est ce qui leur a pris de mettre comme principe régissant la prise de décision, le consensus. On l'aura compris ici et depuis Copenhague, ce principe est gênant. L'accord de Copenhague, aura eu le mérite de s'en passer aisément. Le consensus- je suis pas juriste mais j'aime le passe-passe juridique- est-il devenue la majorité absolue ou relative? Le consensus est-il devenu la voix du Plus Fort?

Ah, j'oubliais, le Guatemala, appuyé par le délégué du Gabon, qui ne se présente plus - farouche promoteur de la REDD), a expliqué que le Consensus ne signifie pas l'Unanimité. Autrement dit, du moment qu'une décision requiert l'accord des plus forts, ça passe ou ça casse. Dites-moi, où est ce que je suis là? Non mais vraiment, quel monde! Vous avez bien dit, mes amis du RAC (joli nom, au demeurant), la CCNUCC a bien trouvé des 'couleurs'. Oui, le caméléonage propre aux politiciens du Togo, je connais bien, s'empare de ce système.

Cher Alpha, je respecte votre droit et désir à l'Espoir mais sachez que pour moi et ma délégation, il n y en a pas eu ici. Je vous cite: 'Le sommet sur le climat à Cancún a dépassé toutes les attentes...' Ah bon? Je me passe de commentaires additionnels. Et par rapport à Kyoto 2, je suis outré de lire que vous compreniez la phrase du document 'les états devraient réduire leurs émissions dans le futur ', comme une consécration de Kyoto bis.

Sachez que c'est tout simplement le contraire. Sans me passer pour un éco-prophète, sachez que nous nous dirigeons tout droit vers un seul protocole (posez la question à M Sylla le chef de la délégation guinéenne). Allez chercher à savoir pourquoi la Chine et les USA ont décidé de passer sous silence leurs divergences, et 'sauver Cancun'. Le Protocole de Kyoto n'est pas du tout vivant, il est encore et bien plus, agonisant. Relisez le texte plus tard et dites-moi, ce qu'offre véritablement (mieux ce qu'ils perdent) les pays Annexe I?

Peut-être, n'avons-nous pas encore tous bien analysé le texte. Il ne fait aucune référence (même pas une seule fois dans le chapitre sur les engagements des pays développés). Pire, alors que le sous-chapitre relatif aux Engagement des pays en développement contient 19 articles bien clairs longs et détaillés, celui portant sur les engagements des pays développés ne contient exactement que 11 presque-flous articles. Relisez bien!

Sachez tout simplement que ce mouvement de pays N'A AUCUNE ENVIE ET NE SAUVERA PAS LE CLIMAT. J'ai parlé! Convainquez-moi du contraire. Oui, essayez! Voici 7 ans que se discute la deuxième période d'engagement et on n'est pas arrivé à progresser d'un iota à Cancun. Et personne n'ose le dire. Dommage.

Quand les pays industrialisés financent nos 'pays pauvres très endettés' et devant les yeux de tous rapatrient près de 75 % de ce montant (OCDE, 2005), appelez-vous cela du progrès. Appliquez le même scénario à Cancun et vous comprenez ce langage sur tous les lèvres de modestes progrès à Cancun. Certes, le multilatéralisme a triomphé (allez-y savoir), mais à quels prix? Au détriment de qui? Sans doute des sans-voix! Eh bien, c'est depuis le CM2 que mon maître m'a toujours martelé: la fin justifie les moyens. Comme il a raison, le monsieur!

C'est donc un véritable retour aux valeurs de l'ère Période Froide qu'on nous a fait avaler ici. Je le dis haut et fort. Ce document, ne représente rien pour les gens de mon village. Les autorités du Togo (je veux taire les noms) ici présentes, étaient plus préoccupés par des miettes qui peuvent tomber sur leur sol que le climat mondial. On m'a clairement dit, je cite: 'moi je veux augmenter mon couvert forestier et j'ai besoin de dollar, combien la Bolivie m'enverra t-elle?. Comprenez ce que vous voulez?

Je suis d'accord avec tous que pour une dois, une poignée de pays ne s'est arrogé le devoir de parler au nom d'autres et c'est cela même qui justifie tout le débat contradictoire mais indispensable en démocratie, auquel on a assisté hier. Mais au fait, cela n'était juste qu'à la mésure des 'consultations dites participatives', qu'organise des cabinets et ONG lors de grands projets d'infrastructure en Afrique

C'est ouvert: Tu participes Il/elle participe Mais, je décide

Cancun n'est-il pas devenu juste un Copenhague 2? Oh oui, vous avez raison, il exagère ce monsieur. Notez quand même que l'Accord de Cancun, n'a rien fait que copier et coller mot pour mot, les engagements minimalistes contenus dans le soi-disant accord de Copenhague. Pledge and review, 2°C, NAMA, CA et MRV pour les pays en développement, pas de peak etc....(pour les autres, désolé pour les abréviations)

Voilà, donc la fin d'une épisode. La suite va sans doute être plus dure qu'on le pensait. Car je peux imaginer que le jeu des intérêts va commencer à parler dans les prochaines semaines. Les promesses sous-tables offertes ici aux uns et aux autres devra être concrétisées.

La plus forte délégation est celle de la RDC (ne me demandez pas pourquoi?) et celle plus dynamique des nouveaux pays pétroliers africains doivent commencer à voir les fonds circuler. Ah, j'oublias, la Banque Mondiale est aussi et encore arrivé à monter de toute pièce, au dos des Africains, avec la complicité de la Banque AFricaine de Développement, un soit-disant African Green Fund.

Cette affaire n'a emballé presque personne! On connaît toutes ces manœuvres, nous aussi. Que la Banque Mondiale, serve de Trustee (Administrateur, dépositaire, distributeur, sorte de distributeurs de billets quoi!) du Fonds Climat, ne l'arrange pas assez. Elle peut tout à fait à travers les initiatives telles celles du Green African Fund (qui se répéteront dans les autres régions du monde), pouvoir avoir main mise sur le milliard qui sera déboursé. Sans être vulgaire, il y a un adage dans mon village qui dit: agouda mefloua yovo o comprenez: albinos trompe pas blanc!

On a 50 ans en Afrique et cela suffit pour que des ONG/Réseaux réellement made in Africa, by them and for them, puissent s'exprimer et dénoncer, ce que Baudelaire appelle, 'les forces du mal'.

Je tiens, au nom de toute mon équipe à exprimer toute notre satisfaction pour la collaboration à succès que nous avons pu entretenir avec tous ici, quoique, une fois encore, nous sommes pas assez satisfaits du résultat. Il est clair que la réponse au problème climatique, risque fort de ne pas provenir de l'arène de ce système mais sans doute d'une coalition forte de forces sociales et de populations décidées à s'engager dans des actions concrètes réelles en faveur du Climat.

Comme ceux qui ont le pouvoir n'écoutent pas, il faut redonner le pouvoir à ceux qui écoutent, la masse.

Pour terminer, je répète la phrase d'un Diplomate Mexicain (je tais le nom) qui a dit: si on parvenait à un accord à Cancun, comment pourrions nous aller encore à Durban? Il a raison, nous autres Touristes Climatiques, se donnons rendez-vous, si vous le savez pas encore du 28 Novembre to 9 Décembre 2011 à Durban en Afrique du Sud. Vous l'aurez compris, d'une ville luxueuse (balnéaire, s'il en était) à une autre. Que vive le multélatéralisme, pour que vive notre Fraternité du Réseau des Amis du Climat !

Séna ALOUKA depuis l'Hôtel tout-compris, tout pays, tout inclus du Crowne Paradise Cancun