Le site 1010.fr l'annonce de manière bien visible dès qu'on arrive sur le site : "Réduisons nos émissions de gaz à effet de serre de 10 % dès 2010". Ne cherchez pas plus loin, vous n'aurez pas plus de détails sur "pourquoi 10% en 2010 et pas 95 en 2050 par rapport à 1990 ?". Il faut aller voir la campagne-mère, située en Grande-Bretagne, pour avoir un petit mot d'excuse : "10% this year is much more tangible and achievable than, say, 80% by 2050"

C'est donc partis pour le montage d'une opération de poudre aux yeux qui se fixe des objectifs très bas de réduction, qui eux même ne seront pas atteints. Le greenwashing se traduit en français par blanchiment. On ne joue pas avec de l'argent sale mais avec des sales réputations, nuance.

Etape 1. Déculpabiliser les pollueurs. "L’objectif de cette campagne est de provoquer un enthousiasme collectif. 10:10 tranche avec le pessimisme ambiant". C'est vrai quoi, y'en a marre de ceux qui nous accusent de polluer parce que la collecte des déchets est organisée de façons évacuer le plus vite possible des emballages sans rien faire pour contraindre les producteurs à stopper le gaspillage. On va faire un peu de communication pour les occuper et faire mousser ce qu'on fait déjà.

Etape 2. Se donner un label écolo en un tour de main "10:10 repose sur un engagement volontaire. .... Nous ne demandons rien d’autre que votre bonne volonté !". Pourquoi s'embêter à remplir des tonnes de justificatifs et à faire des démarches participatives avec des habitants qui critiquent dès qu'on ne respecte pas les normes ou les lois anti-pollution alors qu'il suffit d'envoyer un email à collectivites@1010.fr pour s'afficher à côté d'une star comme Yann Arthus-Bertand ? L'auto-certification, y'a que ça de vrai !

Etape 3. Truander sur les objectifs "Tout résultat supérieur à une réduction de 3 % est considéré comme satisfaisant dans le cadre de 10:10". Parce que bon, on va pas changer le système quand même, c'est pas réaliste 10% en 12 mois. Il vaut mieux continuer autant que possible selon les vielles habitudes. 3%, en faisant un peu de communication dans les services pour arrêter la climatisation la nuit, éteindre les lumières inutiles et avec le remplacement prévus des écrans cathodiques ont doit y arriver largement.

Etape 4. Ne pas tenir parole. "10:10 enregistre les engagements volontaires mais ne vérifie pas leur réalisation", on est entre gens bien, on se comprend et je te crois sur parole. C'est vrai que si j'écoute le G8 la misère à disparu de la planète, alors une collectivité doit pouvoir faire disparaitre ses émissions de gaz à effet de serre aussi. Good Planète ne va pas se fâcher avec les clients de son marché volontaire de la compensation carbone.

Etape 5. Je communique donc je suis. "L’assurance de participer à une campagne de communication massive." Le but principal est là, il faut communiquer, mettre des logo, tirer des tracts, faire des sites web, afficher sur des grands panneaux en ville, acheter des spots publicitaires... Il faut participer à la compétition pour avoir accès à du temps de cerveau disponible, mais là bien sûr, c'est pour la bonne cause.

Que faut-il faire ?

  • Se méfier des campagnes de communications, de n'importe quel genre, sortir des campagnes-clicodromes et flash-mob, participer ou organiser des actions directes (comme le 16/10 au Havre avec Arrêt total).
  • Harceler votre mairie, communauté de commune ou d'agglomération lors des conseils municipaux, réunions de quartier ou tout autre évènement 'participatif' pour qu'elle réduise les déchets (ressourcerie, compostage, taxe incitative), limite la consommation d'énergie de ses bâtiments (isolation, suivi des factures, énergies renouvelables), qu'elle utilise le bio ou les produits locaux dans les cantines scolaires et soutienne la paysannerie, qu'elle mette la priorité sur les transports collectifs et les vélos ou la marche plutôt que les voitures, qu'elle arrête tout soutien aux industries polluantes, qui consomment des terres cultivables ou ne fonctionne que grâce aux transports intercontinentaux de marchandises...
  • L’accord des peuples de Cochabamba est une bonne base d'engagement au niveau international. Assez de communication, des actes : réduction de 50 % des émissions de GES pour la seconde échéance du protocole de Kyoto (2013-2017), référence à 1°C d’augmentation maximale et limiter à 300 ppm le CO2 dans l’atmosphère, création d’un Tribunal International Climatique et consacrer 6 % du PIB mondial à la lutte contre le changement climatique. Est également indiqué le principe de l’« espace carbone », qui demande que les droits d’émission de CO2 soient limités mondialement et répartis entre les pays proportionnellement à leurs besoins de développement ou, a contrario, à leur responsabilité historique dans la pollution de l’atmosphère. A suivre sur http://climatjustice.org/