Il est 6 h15 au premier coup d’œil. J’ouvre un autre œil à 7h et je finis pas me lever, fatigué, à 8h. Il fait déjà chaud, j’ai dormi les fenêtres grandes ouvertes pour laisser l’air frais de la nuit rentrer, mais les pâles du ventilateur suspendu au-dessus de mon lit ne servent plus qu’à sécher la sueur. Pas de couverture ni de drap, je dors en caleçon depuis des semaines. Pas de volet non plus à ouvrir le matin, de toute façon, les maisons à étages dans ce quartier prospère sont construites si proches les unes des autres qu’il faut monter sur le toit pour voir le soleil.

Je descends à la salle à manger retrouver mon hôte qui a déjà mangé un plat de riz ou de pâte de maïs. La famille mange à part, et je partage des fois le repas du soir ou du midi en tête à tête avec le docteur Sossou, gynécologue mais aussi diplômé en droit de l’environnement et en économie. Ces trois emplois cumulés en une journée de travail de 12h non-stop lui permettent de payer son 4 x 4 japonnais et sa BMW, ainsi que la construction de la maison entreprise il y a 5 ans et pas encore finie.

J’avale un peu d’eau chaude saupoudrée de café instantané, un carré de sucre mais je délaisse le lait en poudre ou concentré au gout bizarre. Je trempe un bout de pain tout mou, sans beurre du Poitou-Charentes ni confiture, on n’est pas à la maison. A Lomé j’avais du pain-sucré, une espèce de pain brioché étonnamment bon. Le déjeuner est prit dans la salle à manger-salle de réception, avec l’incontournable canapé taillé pour accueillir les formes généreuses des mamas africaines. On a l’impression d’être dans une grotte tellement les murs sont proches des fenêtres. Je sue à grosses gouttes et trempe ma chemise le temps de dire bonjour.

Je remonte vite prendre ma première douche matinale. J’ai mis un seau à remplir au goutte-à-goutte qui sort des robinets. Au dire des géographes de l’université rencontrés plus tard, le pays ne manque pas d’eau mais la gestion est catastrophique et entraine des coupures à cause du passéisme et de la corruption. Je me retrouve tout humide, pas la peine de se sécher je serai à nouveau en sueur dans un instant. Je fais mon sac en emportant le minimum, on m’a dit tellement de mal des zemidjans de Cotonou que je méfie pour ma première tentative. Le jeune frère de mon hôte, ils ont dans les 20 ans d’écart, sort dans la rue. Il sélectionne une moto-taxi sur un critère qui m’échappe (une pas trop pourrie sans doute, avec au moins des freins et un rétro) et négocie un tarif local, inférieur de 25 à 50% à ce que je paierais par moi-même. 600 F CFA pour aller à l’université qui est selon mes sources à 15 ou 20 km au nord de Fidjirossé.

Je m’assois derrière mon chauffeur recouvert de sa chemise jaune avec son matricule écrit au pochoir et c’est parti pour mon premier rallye à deux roues dans la capitale économique du Bénin.