Je suis de retour en France après 200 jours de voyage.

J'ai rencontré Morgane ODY à Hamburg en début de semaine. Elle travaille pour Via Campesina, une organisation internationale de paysans auquel adhère la confédération paysanne en France. Elle était à Bali en Indonésie en décembre 2007 lors de la convention de l'ONU sur le changement climatique. À cette occasion, elle a rencontré les adhérents locaux de son organisation qui lui ont fait part de leur problème. Les communautés paysannes vivent sur des terres coutumières sans droits de propriété. Le gouvernement indonésien les a chassés pour louer les terres à une entreprise privée qui va déforester le terrain puis planter des palmiers à huiles qui serviront à produire des agrocarburants. Ce système de confiscation des terres puis de déforestation pour produire des agrocarburants a propulsé en quelques années seulement l'Indonésie en tête des pays émetteurs de gaz à effet de serre.

Les paysans ont expliqué que dépossédé de leurs terres, ils sont forcés de fuir en ville pour essayer de trouver un revenu pour se nourrir. Ils perdent le rapport à la terre, sont séparé de leur communauté et dépendent des autres pour se nourrir, ce qui est un changement complet de leur mode de vies. Certaines familles sont forcées d'envoyer une de leur fille au Moyen Orient comme domestique pour nourrir la famille.

Pour Morgane, les agrocarburants sont une des fausses solutions pour le climat. Elle ne comprend pas que l'on puisse préférer nourrir une voiture européenne plutôt qu'une famille indonésienne. C'est également selon elle une forme d'agriculture dangereuse pour le climat qui est exporté du modèle Européen. Le modèle européen conduit selon elle à une surproduction et à une surconsommation d'eau et d'énergie, car les paysans sont devenus des exploitants agricoles, obligeant la terre à produire plus qu'elle ne peut le faire naturellement.