Je suis arrivé en Albanie, à Tirana, il y a deux jours maintenant.

Deux bus doivent partir d’Ulcinj – Montenegro, pour aller à Skodra – Albanie. Le premier part à 6h et l’autre à 13h. Mon rendez-vous à Tirana avec le président du club écologique albanais est théoriquement à 16 h (je n’ai pas encore eu de confirmation), je commande donc un taxi à 5h40 pour faire les quelques kilomètres qui séparent la plage où j’ai trouvé une chambre et la gare routière…

Je me lève en fait en catastrophe à 5H48, je n’avais pas mis le réveil de mon téléphone en marche. Je suis prêt en 2 minutes, et cours hors de la maison pas vraiment réveillé. Le taxi klaxonne depuis 5 minutes, il a du réveiller tout le quartier... On file à la gare, j'arrive avec 2 minutes d'avance. Le café de la gare est fermé, pas de café à espérer avant Skhodra, où je dois changer de bus. J'achète mon billet, 4 euros 50, mais on me le rembourse 10 minutes après : pas de bus aujourd'hui... Bon, mon lonely planet m'indique un départ de mini-bus à mi-chemin du centre-ville. Re-taxi. Je trouve l'arrêt et un bus part tout juste, par chance. Il est 6h30, c'est parti pour un nouveau passage de frontière vers le 6ème pays de mon voyage.

Depuis Split que je me renseigne, j'ai l'impression que l'Albanie n'est pas aimée. Il n'y a pas de liaisons évidentes par la route, il faut souvent faire des changements de bus et avec les correspondances, ça peut prendre du temps. Comme souvent, les bus partent tôt le matin ou tard le soir, voyageant pour arriver avant la nuit ou durant la nuit, ça dépend de la longueur du trajet.

J'aime bien mon mini-bus, pour une vingtaine de personnes. Il prend la petite route qui rejoint la frontière en montant petit à petit dans la montagne. On croise le bus d'un collège, on prend un paysan qui va au village suivant... La zone est peuplée, sans plus. Albanais ou monténegrins, les passagers du bus semblent tous se comprendre. A l'époque communiste, l'Albanie a pourtant été coupée du monde.

Nous arrivons à la frontière. Les passeports passent de main en main vers le chauffeur, qui les présente au douanier. Pas de soucis : on quitte tous le pays. De l'autre côté, l'ambiance est tout aussi détendue. Sur un signe du chauffeur, je descends du bus, il y a un visa à payer de 10 euros pour les européens. Le douanier me pose deux trois questions, en français ! Où je vais, pour quoi faire... la routine.

En redémarrant, je m'aperçois qu'il y a de petits bunkers partout. Ils datent des années 1970, à l'apogée de la paranoïa qui faisait craindre aux dirigeants une invasion. Ils parsèment littéralement les champs et bords de route, par chapelets de 3 ou 4.

Nous redescendons de la montagne, et les villages ne sont plus les mêmes. Je découvre un nouveau pays, le plus pauvre d'Europe. Les rues en terre battue, les maisons à moitié finies, un matériel délabré pour l'agriculture. Le paysage est le même, mais le décor change pourtant.

Ce sont surtout les rivières qui me marquent : elles servent de décharges, chaque crue devant servir à les vider. Les bords de la route sont dans un état à peine pire. Je vois aussi des carrelets pour pêcher, comme ceux de Kochi, aperçus en décembre 2004 en Inde. C'est ça, le pays me fait penser à l'Inde.