Je pars demain matin à 7 h de Split.

La route n'est pas simple pour rallier Tirana, et je m'y prends en avance. J'avais plusieurs possibilités, après avoir cherché deux bonnes heures dans mon guide Lonely planet et avoir questionné les gares routières et maritimes de Split (Il n'y a pas de ligne de chemins de fer pour aller en Albanie).

  • faire le trajet Split - Ancuna/Italie puis Ancuna - Durres/albanie en bateau, et de là monter à Tirana, en train ou en bus. Les chemins de fer albanais vont d'un état potable à un état de délabrement avancé parait-il, ça serait marrant d'essayer.
  • faire le trajet depuis Split en bus : Split, Dubrovnik, avec un passage en Bosnie qui a un accès à la mer par là, passer la frontière du Monténégro à Hercegnovi, passer par Kotor, Budva, Bar et Ulcinj, passer la frontière albanaise à Shkodër, et arriver à Tirana. Kotor est au fond du "plus grand fjord" de la méditerranée. Ça doit être joli à voir.
  • faire un mix des deux, avec un trajet en ferry entre Dubrovnik et Split. Je ne passe pas en Bosnie, et le trajet est deux fois plus long (7 h au lieu de 4, si la mer est bonne), mais ça me fait une mini croisière sympa, et j'ai le temps.



J'ai bien sûr choisi la dernière solution. Soit je dormirai à Dubrovnik, reconstruite après le siège serbe de 1993, soit à Kotor si j'ai le temps d'y aller, à environ 2 heures de bus. Je n'ai pas réservé d'hôtel, en cette saison et dans cette région ça doit être facile de trouver de la place. Le Monténégro utilise aussi l'euro, je n'aurai peut-être pas besoin de retirer encore des kuna croate dans un distributeur.

Je pense que c'est ensuite très rapide pour rejoindre Tirana, il faut 1 h 45 depuis la frontière de Skhodër, et peut-être autant depuis Kotor. Si je n'ai pas de réponse de mes contacts albanais (j'ai écris à l'ambassade de France, à une association et à l'agence nationale pour l'environnement), je prendrai sûrement le temps de rester une nuit à Bar.

J'ai rencontré ce matin un backpacker canadien qui arrive de Belgrade, il m'a dit que la situation y était tranquille, tant qu'on aborde pas le sujet du Kosovo. Le Monténégro est quand à lui indépendant depuis juin 2006. C'est surprenant de voir ces "nouveaux" pays, même s'ils cultivent la vigne depuis l'époque romaine comme en France par exemple. Les associations que j'ai rencontrées à Ljubljana (Slovénie), Zagreb et Split (Croatie) datent de la période d'indépendance, et les militants ont démarré aussi leurs activités à cette époque. Il devait y avoir des groupes avant, à la période communiste, au moins en Slovénie, mais je n'ai pas réussi à en parler avec mes interlocuteurs : barrière de la langue, manque de temps, pas envie d'aborder ce sujet ? Je ne sais pas.

Je suis content de reprendre la route après ces quelques jours à Split. Mon hôtel est pile en face des remparts du palais de Diocletien, à coté du marché aux légumes où les paysans du coin viennent vendre leurs poignées de légumes. J'ai vu la fin du marché au poisson ce midi, à l'opposé du palais. J'ai passé la majeure partie du temps ici avec Rob McDonald (et oui !), un canadien en ballade en Europe depuis un an environ. On gardera le contact avec Facebook, des fois que nos routes se croisent à nouveau, le monde est si petit.

Le soir de mon arrivée, nous sommes allés manger des poissons grillés chez Fife (pour ceux qui connaissent, c'est aussi dans le lonely planet). A la fin du repas, je voulais prendre une vodka pour fêter mon retour au bord de la mer, et le rangement de mon bonnet au fond de mon sac. Le patron a préféré nous apporter deux bouteilles de grappa, "pour goûter", et nous les a laissés sur la table... Conclusion, après de multiple tests, c'est la grappa qui semble croate (pas vraiment d'indication sur l'étiquette sur le degré d'alcool ou sur la provenance) qui l'emporte sur la grappa italienne.
(note pour plus tard : faire le test entre le raki grec et turc).

J'aime bien être sur la route, au chaud dans un bus quand même. Le train Ljubljana-Zagreb était superbe, entre la vallée de la Slava et les forêts de montagne enneigées. La route depuis Zagreb est un peu triste, avec quand même plus de neige. J'avais préféré le paysage depuis le train, lors de mon passage de l'été 2003 ou 2004 : je m'étais réveillé devant un paysage méditerranéen, avec ses bergers et les troupeaux de chèvres, plein de soleil et de couleurs... Cette fois j'approche de l'Albanie, que j'ai envie de voir depuis que j'ai changé mon parcours en novembre-décembre, et je découvre un pays "bonus", le Monténégro. Deux pays en pleine mutation, avec, semble-il, des espaces naturels très bien préservés.

Je verrai pour l'hébergement, qui sera sûrement très différent de ce que j'ai connu jusque là. A ce titre, le glissement depuis l'Italie est visible à chaque étape. L'état des bâtiments, le nombre de locuteurs anglophones, l'équipement de l'hôtel, tout change peu à peu. Les visages aussi. Je n'arrive pas à faire des portraits dans la rue, il faudrait que je demande plus aux gens, ou que j'ose le faire, mais je me rends compte que mes photos extérieures sont souvent vides de personnages, ou en tout cas que ceux-ci ne sont pas intégrés à la structure de la photos (oulala, les grands mots...). Bref, j'ai bien aimé les visages des paysannes veuves au marché, avec leurs robes et leurs fichus noirs, les papis avec leurs bérets, le visage mangé par le soleil et une barbe de trois jours...

Sinon, j'ai aussi des vidéos en ligne dans la catégorie climat, en attendant un article plus complet sur naturavox.