J’ai rendez-vous ce jeudi avec Albertino Perino. Cet italien habite la vallée de Susa, entourée des sommets enneigés des Alpes, près de l’une des extrémités d’un tunnel de 53 km qui doit relier la France à l’Italie pour un coût de 20 milliards d’euros.

Il défend sa vallée depuis 1989, avec semble-t-il l’appui de la majorité des habitants. Un collectif d’universitaire intégré au NO TAV écrit livre sur livre pour argumenter leurs positions.

Albertino se demande pourquoi sa vallée, si étroite, devrait être encore une fois sacrifiée sur l’autel de la modernité. Une autoroute, deux nationales et deux voies ferrées, une ligne à haute tension et un fleuve la sillonne déjà. Faire passer une ligne à grande vitesse alors que les voies ferrées existantes ne sont pas utilisé à la moitié de leur capacités lui semble une aberration, sans compter les dangers liés à l’uranium et à l’amiante contenu dans les roches qu’il faudrait creuser pour le tunnel.

Avec les habitants de la vallée, il a remis une pétition de 32 000 signatures en septembre dernier à M. Barroso, président du parlement européen à Strasbourg, pour signifier que la vallée de Susa n’accepte pas que le développement soit accompagné d’une vitesse toujours plus grande et d’une nouvelle pollution.

Le présidio des NO TAV à Venaus, lieu centrale de la vigilance des habitants de la vallée, est peu à peu transformé en lieu écologique : eau chaude solaire, phyto-epuration, four semi-enterré fonctionnant au bois, poêle dans la pièce principale et surtout un jardin et un verger voisin qui permettent de préparer des repas après les réunions des différents comités.